Article 1 et 2 à lire dans chronique rencontre sur ce blog…
N°3 …Je vais vous poser une question ,que vous serez incapable de me répondre ! Loulou …
Réponse concours …nombreux à répondre, une seule bonne réponse …
Un gagnant JEAN PIERRE JULIEN …Un commentaire mis en ligne …
Gain:un objet en voile de voilier de chez Vent D’Est et Vent D’Ouest à retirer au Grand Hôtel Sète .
(Ce n’était pas la pêche… au thon, saumon( !), vélo, chaise, canapé, roues de vélo, encore moins des rochers ou des crabes, ni les panneaux de signalisation…) !
Pour rappel Les mots qui suivent sont les mots de Loulou ,les mots de Raphaël …
Les quelques photos que Loulou a disposé et envoyé par mail …
Comme un grand-père à ses petits-enfants, devenant passeur pour les futures générations, il a aussi collé quelques photos que je laisse comme il me les a donné …
Qu’est-ce que j’allais pêcher dans le port de la ville de Sète lorsque j’avais 12 ans ?
J’allais pêcher du charbon…
C’est-à-dire que, autrefois, les bateaux de commerce qui rentraient à Sète, (aujourd’hui ils marchent, enfin, ils naviguent avec du gasoil), oui autrefois c’était les machines à vapeur, alors au lieu de faire le plein de gasoil, il faisait le plein de charbon.
C’est ce qui remplaçait l’essence !
Voyez, avec le charbon, c’était la machine à vapeur !
Alors quand ils embarquaient le charbon avec des barges, c’est des bateaux à fond plats, il y avait de grosses barges avec des grues.
Ils embarquaient le charbon qui était pris sur les barges, et il arrivait souvent que des morceaux tombent à l’eau…
Alors nous ,avec un petit filet , (j’étais jeune j’avais douze ans),avec une drague ,voyez ,un petit chalut ,qui était long comme ça,(impossible pour moi de retranscrire les gestes..),voyez,(vous voyez ?),un mètre cinquante, on traînait cela au fond de l’eau et on ramassait tout le charbon que l’on rencontrait et nous le rapportions à la maison …
On pouvait faire 100 à 150 kilos de charbon par jour !
On se chauffait gratuitement !!
Ça a été ma première pêche, j’allais encore à l’école.
Quand les bateaux accostaient pour faire le plein de leur comestible, nous étions là, et il en tombait souvent à l’eau, parfois des briquettes de 5 et 10 kg …
Nous ramassions par deux trois briquettes dans le filet.
Mes parents m’aimaient bien, mais, mon père, il ne voulait pas que j’y aille, parce que nous étions, au départ, une famille qui n’avait pas de besoin, besoin de ça …
C’était plutôt destiné aux prolétaires, voyez, sans que nous soyons riches pour autant…
Il y avait l’honneur ….
La parole et le regard de l’autre, c’est ça le regard de l’autre …
« Il envoie son fils pêcher du charbon et il n’est pas dans le besoin ! »
Alors quand je partais pêcher le charbon maman me disait …
« Te fais pas voir par ton père… ! Cache-toi ! »
Alors je portais le charbon au 3eme étage, dans un réduit que nous avions, et mon père ne le savait pas, l’honneur quand même, l’honneur !
Et surtout d’autres avaient plus de besoins que nous …ce n’était pas que l’orgueil…
Mais moi j’aimais ça et je le faisais par plaisir et pour faire plaisir à ma mère !
Ah si …j’ai encore une anecdote …
La pêche au Lamparo j’ai été dans les premiers et j’ai été le dernier.
C’est moi qui ai fermé la porte en 1983 …
Je me souviens le dernier jour où j’ai pris la mer, le soir, je me suis dit, c’est la dernière fois que je prends mon bateau au lamparo et je commençais à avoir de la peine.
Ce soir- là, nous avons pêché 8 tonnes de sardines et depuis plus de trente ans sont passés mais j’ai vécu tous ces moments intensément.
Je n’invente rien, je l’ai peut -être dit, déjà raconté ….
Peux-être Mr Albano ,peut-être …mais pas à moi ! …
Une anecdote encore …je peux ?
Mon bateau s’appelait Le Méguire Alex , c’est le nom de mon père et de ma mère.
Contrairement à ça, avant, nous avions quatre bateaux, ils se sont tous appelés St Pierre .
J’ai fait ma première St Pierre, vous savez la fête des pêcheurs, avec la St Louis le Saint Patron de la ville, en1948, jusqu’en 2015 …
67 St Pierre , je crois que c’est un record, personne ne fera ça et si je suis encore là en 2016, je la ferai !
Tous nos bateaux se sont appelés St Pierre c’est pour cela que nous avons eu le privilège de porter la statue de St Pierre pour la cérémonie en mer.
Le départ de l’histoire c’est que mon père a voulu être patron, alors il a acheté une barque Catalane d’occasion.
Cette barque s’appelait St Pierre, il a fait des pêches de maquereaux miraculeuses avec, et cela l’a incité à faire construire une barque neuve, une …St Pierre.
Il a élevé 8 enfants …
Quand est venu la pêche au lamparo la barque était trop petite, nous étions tributaire des autres, c’était la course à l’escalade, toujours plus gros, des tonnages encore et encore.
Pour la pêche au chalut ça a été pareil …
Quand les rapatriés sont arrivés en 1962, ils sont venus avec des bateaux plus gros que 90 chevaux, ils avaient des 300 chevaux et il pêchait beaucoup plus de poisson que tout le monde, alors après ….
Tu as fait 600 ?
Je vais faire 1000…tu as fait 1000 je vais faire 1500 !
Une lutte, exactement, une lutte des égaux …
C’est l’évolution…
Si j’ai une famille ?
C’est quoi une famille ?
Non, et je n’ai pas eu d’enfants, ce n’est pas par rapport à mon métier, certain sont pilotes et partent plusieurs jours, ou commerciaux, moi j’étais marin…
Raphaël déguste son kir, silencieux, la question ne l’a pas laissé insensible…
Ne vous inquiétez pas, Loulou n’est pas seul, il n’y a qu’à voir toutes les personnes dans les halles qui l’interpellent, posent la main sur son épaule, l’appellent sur son portable première génération, lui fixe un rendez- vous autour d’une table ….
MERCI , Loulou, pour cette jolie balade dans le temps …
Balade dans l’histoire, Loulou n’a pas oublié de me parler de la ville détruite à la fin de la guerre, des quais débordants de grosses futailles chargées de plus de 200 kg d’explosifs.
Un énorme feu d’artifice, le 25 Aout 1944, laissant une ville dans un état lamentable …
La ville de Sète est reconstruite depuis …elle est très belle…
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